FLORENCE : JOUEUSE PARABADMINTON

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« Allez Florence, accroche-toi, ne lâche rien, tu peux y arriver ! » 

Avant chaque match, c’est la même pensée, pour ses filles. Elle se doit de se battre coûte que coûte pour elles, pour qu’elles soient fières de leur maman. Florence est une joueuse de parabadminton du club de Blagnac, pleine de bonne humeur et compétitrice à ses heures perdues. Ses débuts dans le monde du badminton démarre avec l’histoire de son handicap. 

C’est en novembre 1997, lors d’un accident de voiture que Florence devient paraplégique (atteinte à la moelle épinière sans avoir l’espoir de remarcher un jour). Elle continue malgré tout sa vie et reprend son travail d’institutrice qu’elle n’avait pas envie d’abandonner. Déjà mère de Margaux, elle accouche de deux autres enfants. Et justement, c’est grâce à ses enfants que Florence se met au badminton. Un sport qu’elle n’avait jamais ou très peu pratiqué lorsqu'elle était valide. " Je jouais comme tout le monde à la plage mais c’est tout. " 

C’est donc à cause ou plutôt grâce à sa fille aînée, Margaux, que la jeune femme commence le badminton. En tant que supportrice numéro une de sa fille, elle l’accompagne à chaque compétition. Un jour, Margaux lui demande de bien vouloir l’échauffer, de faire quelques volants. Florence accepte mais elle doit faire attention car son fauteuil roulant n’est pas adapté à la pratique du badminton. A cet instant, une personne de l’organisation interpelle Florence et lui dit : " Tu sais que tu peux jouer en fauteuil ? " C’est ainsi que le badminton entre dans la vie de Florence, cette fois plus en tant que spectatrice, mais en tant que sportive. Elle est alors très vite sollicitée, car les personnes en fauteuil qui pratiquent le parabadminton se font rares. L'aventure commence et il faut avant toute chose bien s'équiper.

DU SIMPLE LOISIR AU GOÛT DE LA COMPETITION

Ses enfants jouant au club de Blagnac et étant très impliquée dans la vie du club, la direction du Blagnac Badminton Club décide d’ouvrir la session handisport (regroupant handibad et parabad) pour Florence en 2011. Au début, seule licenciée handicapée, elle joue contre des personnes valides. Le badminton devient rapidement un exutoire. "Ca me permet de me défouler, de faire un peu d’activité sportive que je ne faisais pas du tout avant. C’est aussi des moments de détente et de partage." 

C’est seulement l’année dernière que Florence a pu s’entraîner avec d’autres joueurs handisports. Rémi, joueur de petite taille et David (aussi en fauteuil et partenaire de mixte de Florence) s'inscrivent à leur tour à Blagnac. Une équipe soudée qui décide en décembre 2014 de participer aux premiers championnats de France handibadminton, organisés à Colomiers. C’est l’occasion pour Florence de goûter, avec ses deux coéquipiers blagnacais, à la compétition. Les catégories sont séparées et les règles de jeu sont bien différentes de celles du badminton pour les personnes valides. Benjamin, entraîneur de Florence nous explique toutes ces règles.

Au total Florence remporte trois médailles. Deux en argent en simple et en double dame et une en bronze en mixte avec David son partenaire d’entraînement. Malheureusement David décède et Rémi et Florence finissent la saison seuls. 

Les souvenirs sont gravés à jamais dans la mémoire de Florence et les photos permettent de revivre ces beaux moments. Voici quelques photos de Florence qui défilent sous l’une des chansons qui motive la compétitrice.

Ces médailles, Florence a dû se battre avec elle-même pour les décrocher. Elle confie qu’avant chaque match elle a une appréhension. Un état d’esprit qui s’explique par le manque d’expérience en compétition. En effet au parabadminton les joueurs ont très peu d’occasions de faire des tournois. La faible quantité de joueurs comme Florence est éparpillée aux quatre coins de la France et ce n’est pas évident de tous les rassembler. La disponibilité de chacun ou encore les frais de déplacements sont des obstacles à l’organisation de tournois handisport. Et lorsqu’on arrive sur des compétitions importantes comme les championnats de France, il faut être préparé et Florence, ne l’était pas complètement.

Sur la deuxième marche du podium,  un représentant de la fédération française de badminton se penche pour lui poser la médaille autour du cou. Dans sa tête, Florence éprouve plusieurs sentiments. A la fois elle est fière d’elle, mais elle reste humble car le sentiment le plus fort c’est la surprise. Selon elle, avec son niveau elle ne mérite pas cette deuxième place. C'est tout elle, elle ne veut pas y croire car elle ne s'en sentait pas capable. Et pourtant les matchs elle les a gagnés, seule, sur le terrain à armes égales avec ses adversaires.

Après coup, la joueuse au grand coeur est contente car grâce à ses résultats, le club de Blagnac est bien représenté et  cela confirme que la session handibad a bien du sens. Ces championnats ont fait monter un élan de motivation pour s'entraîner plus, progresser et se préparer à d'autres grandes compétitions.

DES ENTRAINEMENTS PLUS INTENSES

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Cette année c’est du sérieux pour Florence ! Alors qu’elle ne venait jouer en jeu libre qu’une ou deux fois par semaine, la direction du club lui accorde pour cette saison une séance individuelle avec Benjamin, un entraîneur diplômé. 

Les créneaux se partagent donc un lundi sur deux pour la séance individuelle et tous les mercredis pour du jeu libre. Si elle le souhaite, Florence peut aussi aller jouer le samedi lors d’un créneau de jeu libre pour tous les licenciés. C’est l’occasion de jouer avec d’autres personnes, des joueurs valides, jeunes ou adultes.

Ce mercredi Florence n’est pas seule ! Michael, nouveau joueur également en fauteuil et Rémi, l’accompagnent pour partager des volants dans la bonne humeur. Une heure et demi durant laquelle ils tapotent le volant par simple plaisir d’être ensembles et de se défouler. 19h, Florence est crevée. Il est tant de commencer les étirements pour éviter les courbatures du lendemain. Un moment où la joueuse peut discuter avec Michael et Rémi. Quelques images de l'entrainement de mercredi ICI !

Lundi ce n’est pas la même ambiance. Florence sait qu’elle va devoir se dépenser à fond et qu’elle vient avant tout pour progresser, tout en restant dans la bonne humeur. Seule avec Benjamin, l’entraînement commence. Dans une heure elle rentrera lessivée.

SA FAMILLE : SES FANS NUMERO UNS

Avant chaque match Florence pense à ses filles. A tout ce qu’elle a pu leur dire pendant leurs matchs à elles. " Elles m’impressionnent tellement quand je les vois capables de battre leurs adversaires même lorsqu’elles sont en difficulté et quand elles arrivent à remonter le score. " Florence est très fière de ses filles et elle veut donc les rendre, à son tour, fières lors de ses compétitions. 

Mission accomplie à cent pour cent pour la maman compétitrice. Sa famille est toujours présente, car dans la famille le badminton c'est le sport à pratiquer. 

Alors quand Florence s'est mise au parabadminton, ses enfants et son mari ont tout à fait adhéré à l'idée. C'est lors des championnats de France où leur soutien a le plus compté pour Florence. Ils ne l'ont pas lachée et sont très contents de toutes les opportunités qu'elle a pu décrocher depuis. Par exemple les tournois à l'étranger, ses entraînements privés, son entrée dans le collectif parabadmitnon français et les différents stages qu'elle suit avec cette équipe.

Margaux Delgal, la fille aînée de Florence est une compétitrice. Joueuse de l'équipe 1 du Blagnac Badminton Club elle est toujours là, derrière sa maman, pour la pousser à faire des compétitions et pour l'encourager.

Cette saison Florence espère bien encore progresser pour préparer d’autres compétitions importantes et peut-être ramener de nouvelles médailles aux prochains championnats de France qui ne sont, pour l’instant, pas sûr d’avoir lieu. Mais  la préparation reste tout de même intense. Et qui sait peut-être que Florence pourrait se qualifier dans quelques années pour les Jeux Paralympiques de Tokyo en 2020, où le Badminton Paralympique entrera au programme pour la première fois dans l’histoire. En tout cas, sa famille et son club suivront ses résultats de très près.

Reportage réalisé par Anne Aguer